Verre vide
J'en veux un autre
Œil vide
J'crois que chuis mort

Je sais pas combien j'ai bu. A quelle heure je suis arrivé. Ou comment je suis arrivé. J'sais encore moins comment j'vais repartir. Les ivrognes gueulent autour et ça me gave. J'sais même pas depuis quand j'ai la face contre la table. Et c'est tout les jours pareil. Tout les jours pareil.

Je lève les yeux et je la vois elle. Mélange entre fragile et belle, frabelle. J'aimerais bien lui parler mais je suis tellement bourré que j'ai peur de la casser. Puis comme fait exprès nos yeux se croisent. C't'un signe.

- Tu veux boire quelque-chose ?

Sourire bon mais bourré, voix douce mais éraillée.

Minuit. Une heure parfaite. Service terminé, grondements qui ont prit fin. Place à une nouvelle échappatoire. Peu d'argent sur soit, juste de quoi s'offrir un ou deux verres. Une robe noir pour atour. Une ombre discrète se mouvant parmi la foule. La brune prudente rejoint le comptoir. Inquiétude d'être vue, par des observateurs indésirés. Mais au fil des verres qui s'écoulent en sa gorge, elle fini par se calmer et plonge dans l'insouciance. Et la jeunesse reprend ses droits. Un besoin de s'évader, encore une fois. Tout moyen sera le bon. Les conséquences déjà oubliées.

Cette fois l'ingénue refuse de danser, elle ne veut que boire pour s'en aller. Mais on cherche tout de même les quelques regards intéressés. On se méfie de ceux ayant trop d'âge. Ils pourraient être trop sages et on apprécie pas la manière dont ils dévisagent. Elle se rapproche de celui qui semble le plus apte à la comprendre. Peu importe la durée.

Ses lèvres se rapprochent du faux galant, l'invitation plaisante, plus un sous en poche, on y répond. « Tu me payes un autre whisky ? » Alcool d'homme, mais faisant voler, rien de mieux pour la perturbée. C'est d'un sourire qu'elle se place à son côté, de ce nouvel ami, amant, que jamais elle s'imagine durable. Sans doute ne le verra-t-elle plus ensuite, une question d'habitude.

Whisky. Feu. Guerre. Destruction.

La frabelle veut un whisky. Je souris, amusé par mes propres préjugés, la plus frêle jeune fille peut mieux tenir l'alcool qu'une montagne. Je vois ses yeux rieurs qui brillent, qui me chuchotent je te veux. Non, non. Chimère. L'alcool réchauffe les cœurs. Je pense à Lola, petite chatte. Je pense à ses lèvres quand elle me dit "je t'aime". Puis je regarde Frabelle. Juste amis. Jusqu'à ma prochaine sottise.

J'appelle le serveur en levant la main.

- Le 'sky c'pas un alcool de petite fille. Je vais devoir te raccompagner jusque dans ton lit et te border...

Mutin sourire.