Le harem qui s’endort.
Bercé par les ondes nocturnes du vinyle qui tourne. Etta qui les accompagne dans les dunes de sable.
Plus que toi pour les observer.

Ils sont trois sur le sofa. Imbriqués, empilés, recroquevillés. Trois frères. Le même sang qui t’aime de la même manière.
Au coin de la porte, les mains dans les poches, il y a celui qui dort toujours debout. Toujours au même endroit. Toujours une main devant, une main derrière. Toujours le « je peux pas rester dormir, la prochaine fois sûrement ». Toujours.
Un autre qui dort en boule dans un fauteuil, l’auriculaire bloqué entre les dents. Une habitude d’enfant. Au chaud sous ta veste en cuir, le doudou d’un gamin de seize ans.
Et celui sur tes genoux. Qui réchauffe le creux de ton cou de son souffle paisible. Celui qui a le droit aux grâces du moment. Celui qui a le droit à Zadig en privé.

Une petite secousse pour le sortir de son sommeil, et lui dire d’aller sur le fauteuil qui fait face à l’enfant. Changer de vinyle pour continuer d’animer la Nouvelle-Orléans nocturne. Le petit demande Bob Marley, alors tu alignes le saphir sur la première piste et les notes entonnent sur les postes de radio encore allumés.
Lui se glisse par terre, près de toi qui es encore juché sur ton fauteuil. La tête sur ta cuisse. Voilà qu’il se rendort.

Le charmeur de serpents qui se retrouve à nouveau seul. Seul autour de ceux qu’il a attrapés dans ses filets. Tu les aimes, ils t’aiment, tu te lasses, ils trépassent. Pas ta faute. L’attraction inexpliquée autour du Zadig aux mille visages. Paternel pour les plus jeunes, fougueux pour les plus vieux. Hypnotique pour les plus passionnés.

Toi, Zadig. Toujours là pour combler un vide, quel qu’il soit. Malgré toi. Un de ceux qui transcende les autres. Un de ceux qui a besoin d’être aimé.

Tu allumes une clope. Regarde les cendres se consumer. Te dis que si tel était ton souhait, ils brûleraient tous pour toi.