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 ÉCLABOUSSURES, CARCASSES, CANICULES.

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Jeanne Eberle
Jeanne Eberle

MESSAGES : 3

ÉCLABOUSSURES, CARCASSES, CANICULES. Empty
MessageSujet: ÉCLABOUSSURES, CARCASSES, CANICULES.   ÉCLABOUSSURES, CARCASSES, CANICULES. EmptyLun 27 Nov - 12:34


jeanne, eberle

vingt-cinq
infirmière

Il cligne des yeux. Une fois, deux fois. Trois, quatre, cinq, six, sept, huit, jusqu'à l'infini. Ce matin, il est silencieux. Il semble serein. Le calme plat dans son regard. Coude sur la table, tête contre poing fermé, Jeanne l'observe, scrute son visage apaisé. Mais qu'est-ce que t'es devenu, Rodolf ? C'est difficile un peu tous les jours. Un peu tous les matins, un peu tous les après-midis, un peu tous les soirs et surtout, surtout, immensément toutes les nuits. Un vide. Le vide. Grand, qui avale tout sur son passage et qui recrache Jeanne. C'est la mer recrachant les carcasses de navires, les marins égarés, les algues folles et les baleines mortes d'avoir trop pleurées. - Rodolf, tu crois pas que ce serait magnifique, de voir la Mer Morte ? de se laisser flotter en étoile et d'observer le ciel bleu sans nuages ? on y va, dit ? oui ? - Bientôt, oui, Jeannot, promis. Le tremblement de terre à l'intérieur du corps d'Eberle est de 9,5 (ref. Séisme de 1960 à Valdivia, Chili) et sa voix se fissure sous les chagrins trop longtemps gardés au creux du ventre, là où on a souvent l'impression de dégringoler en chute libre sans parachute sans corde sans cerf-volent sans ô tenez-moi les mains les pieds les cheveux la langue les tripes avant que mon dedans ne s'écrase sur le sol et que la vie s'efface pour laisser la mort ricaner en voyant l'éclaboussure que mon exquis cadavre a peint de rouge écarlate en heurtant si violemment l'asphalte brûlante. Elle se rappelle alors Ambre et son regard voyage des traits fantomatiques de Rodolf à la bouilloire qui hurle l'eau est prête, tout va déborder, tu vas déborder Jeanne tu débordes Jeannes tu débordes déjà. Elle se lève de sa chaise qui grince et elle pose son corps raide devant le comptoir où une tasse trône fièrement, un sachet de thé vert attendant la chaude marée montante pour se noyer. Jeanne, lorsqu'elle plonge son petit corps maigre et pâle et froid comme l'hiver dans l'eau chaude du bain, elle y pense souvent. À se noyer. À crever et ne plus être. Être-xister. Ce serait si facile, pas vrai, Jeanne ? Elle se dit que oui, ne plus être-xister, ce serait vraiment très bien ce serait vraiment très agréable. Hier, elle s'est assise sur le sofa et elle a placé Rodolf dans son fauteuil, juste à côté d'elle. C'était la soirée films et elle avait choisi Deux amants et un ours.
C'était beau,
vraiment très beau
beaucoup trop beau
mais surtout triste.
Jeanne s'est dit que Rodolf et elle auraient été beaux, sous toute cette lourde neige vierge, figés dans le temps, dans leur amour, comme les protagonistes du films. Elle a pleuré en regardant Rodolf, mais il n'a rien fait. Il ne fait plus rien. - Pourquoi tu pleures, Jeannot ? - Je, je sais pas, j'ai perdu quelque chose et je sais pas quoi et je vais exploser je crois... - Viens. Et sans un mot, il la serrait dans ses bras et le vide se remplissait inévitablement. Elle boit une gorgée de thé qui lui brûle l'œsophage et Louie entre dans la cuisine. Elles s'offrent un sourire à demi tiré vers le soleil, les cernes sous leurs yeux creusent d'immenses faussés où leurs rêves seront enterrés. Le silence entre elles en dit souvent bien plus que les mots. Jeanne prend sa tasse dans une main et de l'autre, elle va caresser les cheveux de son fantôme avant de lui offrir un baiser sur la tempe et de quitter la pièce. Parfois, elle voudrait tout quitter.
Me recroqueviller dans le ventre de l'Univers
et mourir en millions de galaxies.


coralie/venus in furs - 22 - steve is my daddy, fight me

Code:
cendrillon - jeanne eberle
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